Noël est déjà terminé et nous célébrons le Jour de l'An 2014. Est-ce que ce sera une année meilleure que l'année 2013 l'a été pour quelques-unes d'entre nous?
Je le souhaite vraiment de débuter 2014 en force et en santé tout comme vous j'en suis assurée. Cependant, nous ne pouvons pas en être certaines malgré notre plus grand désir que ce le soit. J'ai mentionné dans les tous débuts de mon blog que ma soeur a appris son cancer deux mois avant que moi j'apprenne le mien. J'étais loin de me douter que j'en aurais un. Je faisais mes mammographies très régulièrement aux deux ans et parfois une fois l'an. Bien que j'avais une masse depuis 6 ans, toutes les mammographies passées antérieurement étaient normales. Malgré que mon médecin recommandait et prescrivait l'échographie, on refusait de la faire, parce qu'ils n'en voyaient pas la nécessité parce que mes mammographies ne représentaient aucune anomalie et que toutes mes mammographies antérieures étaient supposément "normales".
Lorsque ma soeur a appris son cancer, elle était anéantie et elle pleurait beaucoup. Elle avait peur d'avoir des métastases, elle me disait: "Je ne veux pas mourir" et je lui répondais qu'elle s'en sortirait.
Elle a réagit beaucoup plus mal que moi à l'annonce de son cancer. Je l'ai appris 37 jours après ma biopsie. J'ai interprété ce long moment d'attente comme suit: "Pas de nouvelle, bonne nouvelle". Et le jour où le téléphone a sonné pour me donner un rendez-vous pour rencontrer mon médecin, je n'avais pas besoin de le voir pour savoir que j'avais le cancer. Le rendez-vous qu'on me fixait, était la réponse à cette longue attente.
J'aurais tant voulu que ça se passe aussi bien pour moi que ce le fut pour ma soeur qui est en rémission totale. Est-ce que je peux l'envier? Est-ce méchant de l'envier? Ce n'est pas bien d'envier, je le sais, mais je voudrais tant que mon cancer soit en rémission, sans métastases. Pourquoi moi qui faisais des mammographies une fois l'an bien souvent et aux deux ans parce que je faisais parti du groupe d'âge, 50 ans et plus, me suis-je retrouvée avec le cancer du sein? J'étais suivie tellement régulièrement, pourquoi n'ont-ils pas fait en sorte de le découvrir avant que ce soit cancéreux et métastasé. Je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais, plutôt si, je comprends qu'il y a eu négligence. J'ai honte de le dire que je l'ai enviée, mais c'est un sentiment que j'ai ressenti et je n'en suis pas fière, je ne l'ai pas ressenti immédiatement, mais beaucoup plus tard.
À l'annonce de mon cancer, je devais me présenter à plusieurs rendez-vous médicaux, faire de nombreux examens et par la suite subir la chirurgie et ce n'est que beaucoup plus longtemps après (quelques mois), lorsque ma soeur avait terminé ses traitements et qu'on lui avait annoncé qu'elle était en rémission que je me suis mise à réaliser qu'elle avait une grande chance que je ne connaîtrais jamais.
Dans ma famille maternelle et paternelle, nous sommes 8 qui avons eu un cancer du sein et je suis la seule pour qui ça a mal tourné. Toutes les autres sont en rémission. Une tante du côté paternel est décédée lorsqu'elle était âgée de plus de 70 ans et du côté maternel une tante est décédée lorsqu'elle avait 80 ans. Sont-elles décédées de leur cancer, je ne le sais pas vraiment, mais chose certaine, elles ont vécues très longtemps après leur diagnostic.
Ma soeur n'a pas toujours eu la vie facile, elle s'est retrouvée sans conjoint à peine 2 ans après la naissance de son fils. Elle a élevé son enfant seule avec l'aide de mes parents qui l'ont beaucoup supportée. Elle n'était pas fortunée et les fins de mois étaient parfois difficiles. Elle étudiait tout en élevant son fils. Un jour la chance lui a sourit, sa vie a pris un autre tournant. Et puis son cancer est arrivé, elle a heureusement été bien entourée. Maintenant, elle a repris sa vie en main, elle a recommencé à travailler un an après le diagnostic. Elle a retrouvé le goût des voyages et elle en profite au maximum. Elle a un fils qui l'aime et elle est nouvellement une heureuse grand-mère. Elle est heureuse et en rémission et elle savoure chaque seconde de sa vie.
Il y a quelques mois je lui ai dit lors d'une discussion que je l'enviais d'être en rémission. Pourquoi as t'il fallu que mon cancer prenne un autre chemin jusqu'à mes os? J'étais tellement disciplinée pour mes mammographies et pourtant j'en ai passé beaucoup plus qu'elle, parce que j'avais des seins qui nécessitaient de le faire. Ça n'aura rien donné au bout du compte, parce qu'ils n'ont pas été en mesure de dépister quoi que ce soit. Ma parole et ma masse n'étaient pas suffisantes pour qu'ils décident d'investiguer davantage.
Ma soeur se demande comment je peux supporter ce qui m'arrive, et je n'ai pas de réponse. Par contre, dans toute ma vie, j'ai toujours constaté que ma soeur était plus forte dans les épreuves de la vie que moi, qui était tout le contraire d'elle, j'étais tellement négative et pessimiste. Je m'étais toujours dit qu'un jour si je devais avoir un cancer, que je ne serais pas en mesure de passer au travers. Pourtant, c'est ce qui m'arrive d'être atteinte d'un cancer de stade IV qui ne guérira jamais. J'ai le moral et une force de vivre qui font en sorte que jusqu'à présent, il évolue lentement à la grande surprise de mon médecin et à ma plus grande joie. Est-ce un lien avec mon positivisme, je crois que oui, c'est probablement relié. J'essaie de ne pas penser qu'un jour il se répandra sur tous mes organes et que ce sera une fin proche. J'ai peut-être moins de chance que ma soeur, et probablement que j'ai été choisie parce que je suis en mesure de le vivre sereinement.