Un cancer du sein et une mastectomie radicale changent bien des choses dans notre vie. Pour vous, comme pour moi, il doit bien y avoir eu des changements qui ce sont opérés dans votre vie depuis cette chirurgie. Il en est peut-être ainsi pour les autres qui ont pu conserver leur sein, malgré tout ça laisse des cicatrices une chirurgie.
Après la mastectomie, je ne me suis pas trop embêtée avec ça. J'ai eu des pansements sur la cicatrice pendant 3 mois suite à l'ouverture de ma plaie et je devais faire changer les pansements tous les jours au CLSC. Il y a même eu des moments rigolos. Je n'avais jamais la même infirmière ou le même infirmier le week-end et Stéphane, l’infirmier, qui a changé mes pansements très souvent, lui et moi nous avons développé de bons contacts et il y avait des moments où je pleurais et d'autres où nous avons rit.
Entre autre, un matin, lors du changement de pansement je lui dis à la blague: Est-ce que tu pourrais me confectionner un sein avec des bouts de pansements? Il me regarde et me dis: Tu es sérieuse? Et je réponds oui bien sûr. Le voilà pris d'un fou rire et il m'a confectionné un pansement que j'ai glissé dans l'épaisseur de mon pansement par dessus la cicatrice. Je me sentais bien et femme, j'avais un sein temporaire et je l'ai félicité de m'avoir confectionné un si joli sein.
Le lendemain matin, le dimanche, j'arrive dans le bureau pour changer à nouveau le pansement et je lui dis: Mon chirurgien plasticien n'est pas très doué, mon sein est foutu. Nous voilà à rire comme des malades (expression qui veut dire: Rire aux larmes).
Malgré toutes ces embûches, je pouvais encore rire et je m'accrochais. Je ne savais pas à ce moment que j'avais des métastases, nous étions en mars et je l'ai appris en mai. Plus le temps avançait et plus j'avais hâte de terminer le changement de pansement, mais la peur aussi de ne plus en avoir pour cacher cette cicatrice tellement affreuse me dérangeait.
J'aborde un sujet qui n'est pas facile à aborder pour certaines femmes, et pourtant sans entrer dans les détails, nous pouvons exprimer ce que nous avons ressentis suite à la mastectomie ou la chirurgie pour retirer la tumeur. Notre corps a été meurtri et charcuté à un endroit qui exprime notre féminité et que nous ne voulons pas perdre. Pour certaine, il n'y a pas de prothèse mammaire dans leurs projets, elles préfèrent ne pas en avoir et d'autres c'est tout le contraire, elles choisissent une prothèse ou une reconstruction, les choix sont différents.
Et je me suis demandé comment me montrer à mon mari sans éprouver ce malaise de honte, de gêne. Il avait vu ma cicatrice, dans les pires moments où elle était ouverte et il y voyait mes côtes. Lorsque je me déshabillais, ou que je prenais mon bain, je préférais être seule, mais c'est arrivé où il était présent et je cherchais toujours à me cacher.
Une amie de travail a perdu son sein il y a 20 ans, elle n'a jamais eu de récidive en passant, c'est bien encourageant et ça arrive. Lorsqu'elle a fait enlever son sein, son mari dans les premiers jours lui a touché la poitrine et lui a dit: Tu es belle et tu le seras toujours même sans ton sein et je t'aime encore davantage. Ouffff qu'elle était heureuse de se faire dire ces belles paroles, elle pleurait de joie et riait, elle était heureuse d’avoir un mari si attentionné qui l’aimait vraiment pour ce qu’elle était et non pas juste pour ses seins. Toutes les femmes aimeraient je crois bien se faire dire ce genre de chose.
Mon mari n'a jamais voulu toucher cette partie de mon corps meurtrie et je lui ai demandé un jour pourquoi il ne la touchait pas. Il était mal à l'aise de me dire qu'il ne pouvait pas lui toucher, qu'il en était incapable. Ça m'a peinée bien sûr, mais je comprenais en même temps sa réaction. Et je me demandais comment paraître sexy lors des relations entre un homme et une femme? Je gardais mon haut de pyjama ou je portais un soutien-gorge avec ma prothèse, c'était plus sexy que ma poitrine meurtrie. Je n'ai pas eu de chance avec l'ablation, la cicatrice n'est vraiment pas jolie à voir, elle n'est pas en ligne droite, elle est élargie et toute brune à cet endroit ou la peau a flanchée et que la plaie a ouverte et elle est longue, et elle se rend jusque derrière mon aisselle.
Encore aujourd'hui, 2 ans et demi plus tard, je ne me sens pas bien dans les moments intimes et je n'enlève jamais le vêtement que je porte, par respect pour lui qui n'aime pas regarder et encore moins toucher, et je n'aime pas trop me dévêtir dans ces circonstances. Nous avons choisi pour le moment cette façon et nous verrons plus tard. Il s'habituera peut-être ainsi que moi, nous laissons passer le temps.
Nous avons tout de même malgré tout cela des rapports intimes qui sont satisfaisants, doux et plein d'amour