Lorsque je me suis décidée ce matin à faire les démarches pour être admise aux soins palliatifs pour ma douleur je me suis dit que c'est la meilleure solution qui s'offre à moi. En prenant du recul dans la journée je me suis mise à réfléchir et j'ai même dit à mon mari ce soir: Mon entrée aux soins palliatifs sera ma dernière chose à faire avant de faire le grand voyage.
Lorsque la semaine dernière j'ai discuté avec l'infirmière pivot, elle me disait que je n'étais pas encore aux soins palliatifs mais juste à l'entrée. Mon entrée se fera sous peu si je suis acceptée et pour moi c'est la destination vers la mort. Vous me trouverez peut-être bizarre de penser ainsi, mais soins palliatifs pour moi = Mort.
Je ne pensais pas franchir cette étape si rapidement et j'ai peur car ce n'est pas bon signe pour moi d'en être rendue là. Mon état physique se détériore et la seule issue possible pour l'instant c'est ça.
Ça me déprime énormément, et j'essaie de me conditionner à me dire que c'est pour moins souffrir, mais c'est difficile. J'aurais de beaucoup aimé être suivie à la clinique de la douleur mais sans être aux soins palliatifs. Ce mot me donne des frissons. Je sais que je serai confrontée à prendre des médicaments que je n'ai jamais voulu prendre pour leurs effets (narcotiques) mais il semble ne rester que cette alternative pour me soulager.
Je ne me sens tellement pas entourée d'amour des miens, ce maudit cancer les a fait fuir. Ma famille proche, ma mère s'informe de moi mais pas toutes les semaines et je ne veux pas lui dire que je ne vais pas bien, ça la stresse et elle a tout de même 78 ans. Elle a du chagrin déjà de me voir malade et je ne veux pas en rajouter. Pour ce qui est des autres, j'ai plus de compassion et d'empathie des soeurs de ma mère et de cousins et cousines. Je n'ai jamais voulu avoir un cancer, mais à le vivre comme je le vis, seule sans contact humain avec ces personnes qui ne se soucient pas de moi, c'est difficile et je me sens bien isolée.
Jamais je n'aurais pensé me retrouver si seule avec ce cancer et la méchanceté de certains membres de la famille m'a achevée. Je ne conçois pas que des gens puissent agir de la sorte.
En étant éloignée de toutes les possibilités qui pourraient s'offrir à moi dans les grandes villes, je n'ai plus de contacts sociaux à part les rendez-vous médicaux, les examens, et les emplettes hebdomadaires. Nous ne voyons pratiquement plus personne, et c'est très difficile pour mon moral.
Je suis limitée dans mes activités et ce soir sans le penser vraiment je crois bien et je l'espère, mon mari m'a dit que sa vie était plate avec moi. Nous ne pouvons plus faire les activités que nous aimions tant et pour lui c'est difficile et je le comprends. Mais pour moi aussi ce deuil de toutes ces activités si simple de la vie, m'ont rendue inapte à les poursuivre et je suis plate en effet sans le vouloir.
Ne dis t'on pas pour le meilleur et pour le pire? Maintenant c'est le pire et je trouve mon mari courageux de continuer. Il sera délivré lorsque je partirai. Je ne suis pas trop réjouissante dans mes propos, mais c'est ainsi que je me sens.
Merci à ceux et celles qui sont demeurés dans ma vie ainsi qu'à vous toutes qui m'êtes très précieuse.