Les amours de ma vie

  Ce soir je me questionne sur la vie.  En regardant le ciel étoilé, je me sens bien malgré les questions que je me pose et je me demande ce que je fais sur cette terre à part souffrir, aimer, avoir peur, me sentir seule dans la maladie même si je suis entourée. Moi seule vie cette angoisse intérieure, moi seule j'ai peur de mourir, de souffrir lorsque mon heure sera arrivée. Je me questionne sur ce que sera demain, ce que sera ma fin. Mais personne n'a cette réponse. Nous créons notre bonheur, notre malheur. C'est à nous de prendre notre vie en main. Mais a t-on le contrôle sur notre vie lorsque la maladie s'empare de notre corps. Malgré la force de vaincre cette maladie, de vouloir vivre plus que tout, nous arrivons au bout de nos forces et nous ne pouvons plus combattre cet ennemi qui s'est emparé de notre corps. La douleur prend le dessus et la mort est une délivrance.

Je me suis mariée à 23 ans, folle d'amour pour mon mari. De cette union, est née une adorable petite fille qui m'a donné tant de joie, et d'amour. Elle a été si facile à éduquer, et elle a tellement bien réussi sa vie, comment ne pas être fière.

J'ai travaillé toute ma vie, et en 2009, ma vie s'est écroulée à l'annonce de mon cancer. Je fais un recul sur ma vie et je me dis aie-je tout connu, je n'ai pas eu le temps de tout faire, aurais-je le temps encore d'espérer connaître les joies d'être grand-maman? D'aimer ces petits avec tant d'amour. Je le souhaite de tout mon coeur, c'est mon souhait le plus cher.

Il me semble qu'il me reste tant à connaître, j'ai le goût de voir le monde en compagnie de mon mari, de lui exprimer tout mon amour depuis ces 30 années passées près de lui. De vivre longtemps avec lui. J'ai toujours souhaité partir avant lui pour ne pas connaître la douleur de le perdre. Maintenant, c'est lui qui connaitra le chagrin de ne plus m'avoir à ses côtés. Je me sens tellement coupable.

Depuis ma maladie j'ai le goût de me gâter plus que jamais car je ne sais ce que sera demain. Ma vie tient à un mince bout de fil, mon temps est compté, et j'ai peur. Je ne veux pas y penser, mais c'est plus fort que tout, mon esprit est rempli d'images de mort, et je ne peux croire que ce sera pour plus rapidement que je ne le pense. Je voulais vivre encore plusieurs années en santé et connaître le bonheur d'être à la retraite avec mon mari et de vivre enfin, la liberté de ne pas se lever pour aller gagner sa crôute, de profiter de la vie tout simplement dans la simplicité du bonheur de se lever chaque matin, amoureuse, aimée, et vivre les instants présents, en les savourant.

Il a fallu que j'aie le cancer pour me rendre compte que ces petits moments sont d'une qualité rare et exceptionnelle, et qu'il ne faut pas attendre la maladie pour les apprécier. Pourquoi se rendre compte que la vie est si belle lorsque nous savons que nous la perdrons dans un avenir rapproché. Non il ne faut pas, écoutez-moi, appréciez chaque moment que la vie vous donne, car ce sont des moments qui ne se répéteront pas, prenez-les pendant que la vie vous les offre.

Vivez ces beaux moments pendant que vous avez la santé, car par la suite ces moments ne seront que l'espoir de vivre encore longtemps pour les savourer minutes par minutes, secondes par secondes. Peu importe la maladie que nous ayons, il faut profiter de chaque moment que nous offre la vie.

VIVE LA VIE, EN COMPAGNIE DE CEUX QUI VOUS SONT LE PLUS CHER!