Lorsque nous vivons un cancer du sein, que nous avons de la chimiothérapie, de la radiothérapie, une ablation du sein, il est normal de se sentir déprimée, anéantie et moins femme. Si je recule de 21 mois, lorsque j'ai appris le diagnostic, je m'attendais à une chirurgie (segmentectomie), à de la chimiothérapie et de la radiothérapie. J'avais même été magasiné ma perruque.
Et tout a basculé, tout est allé en 4ième vitesse, je n'avais pas le temps de me questionner, on m'imposait 3 semaines après ma segmentectomie, la mastectomie radicale. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir. Lorsque la chirurgienne te téléphone elle-même, c'est que la situation est urgente.
Pleurer un peu a été ce que j'ai fait, et je me suis ressaisie pour faire ma valise et partir dormir chez ma mère dans la ville où je devais être opérée. On m'attendait le lendemain matin à 8 heures à l'hôpital. J'ai quand même bien dormi la veille, j'ai fait un court adieu à mon sein dans la soirée, je réalisais à peine ce qui m'arrivait, tout a été trop rapide. La chirurgienne m'a expliquée ce qui arrivait et le pourquoi de la nécessité d'enlever mon sein. Elle m'a également informée que ce serait préférable qu'on m'installe le Port-O-Cath pendant la chirurgie au moment où je serais sous anesthésie générale.
Que de chose à assimiler en même temps, je ne pensais plus, j'en étais incapable et je remettais ma vie entre les mains de la chirurgienne. J'ai accepté le Port-O-Cath après que l'infirmière en oncologie m'eu tout expliqué. Je faisais confiance et mon destin était entre leurs mains.
Si je recule à février 2009, période de mes 2 chirurgies, j'aurais peut-être réagit autrement. Pas au moment de l'annonce parce que je trouve que j'ai tout de même réagit en femme forte et solide. Je remettrais en question le lendemain de la chirurgie où je trouve que le manque d'explication était présent. Je n'ai pas été informée du choix d'une future prothèse, comment la choisir et où aller pour me la procurer. Je n'ai pas eu comme bien des femmes, une prothèse de secours à ma sortie de l'hôpital en attendant d'avoir la mienne. Ce manque d'information est un handicap dans le système de santé, parce que chaque femme a besoin de se faire rassurer, de se faire expliquer.
Pour celles qui ne désirent pas une reconstruction immédiatement petit conseil: Ne vous pressez pas comme je l'ai fait pour acheter ma prothèse. J'avais tellement hâte de combler le sein manquant, j'ai acheté une prothèse inadéquate. Pas de la bonne grosseur, trop lourde et très mal conseillée. Magasinez votre prothèse et prenez votre temps.
Je ne savais pas encore à ce moment si je voulais la reconstruction, je n'étais pas rendue là. Auparavant lorsque je discutais de cela, bien avant mon cancer, à savoir si je voudrais d'une reconstruction, je disais oui sans hésitation. Dans ma condition actuelle je dis non catégoriquement.
Une semaine après l'ablation, ma plaie a ouverte et j'ai dû être suivie au CLSC 3 mois sans arrêt, sept jour sur sept pour des pansements et des mèches dans la cavité de ma plaie afin que ça guérisse et se referme. Nous sommes en mars, et jusqu'au mois de mai, je me suis présentée tous les jours au CLSC. Après la guérison de ma cicatrice, j'étais prête pour la chimiothérapie et j'avais hâte qu'on traite ce cancer, qu'on élimine les cellules cancéreuses qui pouvaient être restées présentes malgré la mastectomie.
Mai 2009: Diagnostic de métastases osseuses. Malgré la chirurgie et l'attente que la plaie se referme, le cancer était toujours présent dans mon corps. Il avait fait son chemin jusqu'à mes os. Aucune chimiothérapie, l'oncologue préfère débuter avec un traitement moins radical et moins drastique pour moi. La chimiothérapie n'aurait pas fait disparaître mes métastases osseuses parce que c'est incurable. Mon cancer du sein était hormonaux dépendants et l'Arimidex était tout indiqué comme premier traitement. Jusqu'à maintenant tout va bien, je suis en vie après presque 2 ans.
Perdre un sein n'est pas ce qu'il y a de mieux, mais pour rester en vie, il ne faut pas hésité lorsque c'est recommandé. Perdre mon sein n'a pas été catastrophique pour moi, je n'ai pas trop réagit négativement. Je préférais rester en vie et je m'étais toujours dit que si un jour ça m'arrivait, jamais je n'hésiterais à le faire enlever.
Pour d'autres, perdre un sein est affreux, elles ne se sentent plus femmes, elles se détestent en se voyant dans le miroir, certaines n'ont jamais regardé, elles n'osent plus se montrer à leur conjoint, d'autres ne pensent qu'à la reconstruction pour effacer cette cicatrice. Si je n'avais pas eu de métastases osseuses, j'aurais peut-être optée pour la reconstruction, mais je n'aurais pas choisi la méthode par lambeau de chair de la région dorsale trop long et douloureux. J'aurais opété sûrement pour une prothèse ou de la peau de l'abdomen, un petit bedon m'aurait fait plaisir. Mais le problème est résolu pour moi, je n'envisage aucune reconstruction avec des métastases osseuses.
Il faut du temps pour s'y préparer, et même après presque 2 ans, je ne sais pas si je serais prête et si je l'envisagerais. J'ai encore beaucoup de douleur au niveau de la cicatrice et de l'aisselle et je ne serais pas prête à souffrir de nouveau. Je connais des femmes totalement démolies par la perte d'un sein et pourtant, il existe de bons plasticiens qui peuvent faire un excellent travail et vous redonner le moral si vous tenez absolument à avoir un sein.
Certaines ne s'accepteront jamais, ne voudront pas de reconstruction pour éviter encore une fois des cicatrices au niveau du dos ou de l'abdomen, d'autres prendront rendez-vous avec quelques plasticiens pour avoir des avis différents et se faire conseiller.
Je crois que le plus important est de bien choisir son plasticien, de s'informer auprès du Collège des Médecins de leur professionnalisme et surtout de se sentir en confiance. De consulter un psychologue ou un psychiatre lorsque le moral est à zéro. De soigner sa peine en évacuant ce trop plein en rencontrant régulièrement un thérapeute. D'accepter de prendre une médication si cela s'avère nécessaire. Accepter de se faire aider, il n'y a aucune honte à cela, et d'apprendre à nouveau à aimer son corps. Oui c'est possible de l'aimer à nouveau, il faut se donner le temps.
De voir à ce que l'on puisse par l'intermédiaire du plasticien rencontrer d'autres femmes qui ont subies la reconstruction. Que le plasticien tente de mettre en contact une de ses patientes avec ces femmes qui désirent un nouveau sein et d'obtenir leur avis sur la satisfaction de leur reconstruction, du professionnalisme du médecin et de la confiance éprouvée lors des rencontres préopératoires et postopératoires. Ne pas se presser et surtout prendre le temps de trouver le bon plasticien avec qui vous serez à l'aise et en confiance.
Vous êtes en vie.