J'ai reçu mon traitement d'Arédia encore une fois aujourd'hui, une raison de plus pour être fatiguée. J'en ai parlé de ma fatigue à l'infirmière au CLSC lorsque je m'y suis rendue pour débrancher mon biberon du POC. Elle dit qu'étant donné que tous mes tests (analyses sanguines, CEA, CA 15-3 sont tous normaux) que ce sont mes patchs de Fentanyl qui me causent autant de somnolence et de léthargie. Ma soeur m'a également téléphoné ce soir et comme elle est infirmière depuis de nombreuses années, elle m'a répondue la même chose, les patchs causent beaucoup de somnolence. Et peut-être que pour moi les effets secondaires de somnolence sont plus prononcés que chez d'autres personnes.
Je discutais avec l'infirmière au CLSC de ma décision de faire réduire mon sein gauche et que je voyais un plasticien en janvier. Je lui disais que cette chirurgie me donne le goût de me faire reconstruire un sein, surtout que celui qu'il me reste sera tout joli en plus petit et le désir de revoir un sein de l'autre côté me turlupine. C'est peut-être passager cette idée, mais elle est présente. Par contre, mon thorax est si douloureux du côté opéré, que c'est cela qui m'empêche d'être si positive à envisager une reconstruction parce que je sais que ce serait très douloureux. Cette douleur au bras et à mon thorax est permanente 24 heures sur 24 heures et je vis avec cette douleur depuis le 27 février 2009, à ma deuxième chirurgie
Nous avons également discuté des premiers temps où je me rendais au CLSC tous les jours pendant 3 mois pour faire mes pansements à ma cicatrice qui avait ouverte. Et maintenant elle pouvait en parler ouvertement que ma plaie n'était pas jolie jolie, parce que c'est du passé.
À ce moment, elle ne me disait pas que c'était laid et écoeurant, elle me disait que ça guérissait bien et de ne pas m'en faire, elle a été très professionnelle et très gentille envers moi pendant tout ce temps et elle l'est toujours. Elle m'a demandée comment était ma cicatrice et sans que je lui dise ou que je lui montre elle a dit: Elle ne doit pas être très étroite et jolie et je lui ai confirmé qu'effectivement ce n'est pas joli du tout. Elle confirmait que j'ai passé de sales moments pendant ces 3 mois en plus de subir le cancer et qu'on ne savait pas encore à ce moment que mon calvaire n'était pas terminé parce que les métastases ont été trouvées 2 mois après le début de mes visites au CLSC pour mes pansements journaliers. Elle m'a trouvée très courageuse de passer au travers tout ça en sachant très bien qu'en plus d'être mutilée, j'étais vilainement charcutée.
Ces mots ont été ceux-ci: Je n'ai jamais vu une plaie si mal en point dans toute ma carrière et j'en ai vu des plaies. La tienne était une vraie boucherie. J'ai ajouté que je regrettais de ne pas avoir pris de photos, et je vous explique pourquoi.
Si j'avais pris des photos, j'aurais pu les publier afin de pouvoir dédramatiser ce qui m'arrivait en voulant en aider d'autres qui vivaient un problème semblable. Que je pouvais les aider à garder espoir, que cette plaie guérirait parce que la mienne a guérie et que ce ne sont pas toutes les femmes qui subissent une telle boucherie. Il arrive que des plaies ouvrent et s'infectent mais il y a toujours une solution et la plaie se ferme. Il arrive juste que la guérison est différente pour chacune, parce que personne ne cicatrise de la même façon et à la même vitesse.
Je n'ai plus mon sein, et même si j'accepte bien ma mutilation, il aurait été préférable que ma cicatrice soit plus belle. La peau de mon thorax est si dure, ça ressemble à du roc lorsque je touche. Et si je m'accepte ainsi, essayer si vous le pouvez et que vous ne désirez pas la reconstruction d'apprendre à aimer votre nouveau corps. Ce n'est pas facile de se voir ainsi, mais c'est une question d'habitude. Je ne ressens aucun dédain à me regarder.
Avoir su dès la première chirurgie le 2 février 2009, chirurgie qui a fait que j'avais conservé mon sein, et que 3 semaines plus tard, soit le 27 février 2009, il était préférable de l'enlever parce que les résultats de pathologie était très mauvais, j'ai opté pour ce que je pensais le mieux pour moi. Mais lorsque 3 mois plus tard, j'apprenais que j'avais des métastases aux os, je n'aurais pas fait enlever mon sein et j'aurais débuté la chimiothérapie ou n'importe quel autre traitement pouvant me sauver la vie à ce moment. Sûrement qu'avec Arimidex qui fonctionne si bien, j'aurais peut-être pu éviter de me faire charcuter. Mais je ne peux revenir en arrière et je dois me dire que ce qui a été fait était pour le mieux.
Si j'avais une cicatrice identique à celle de l'image dans l'article, vous ne pouvez pas savoir à quel point je serais heureuse. Il faudra qu'un jour je photographie ma cicatrice pour vous la montrer.