Que devient la sexualité suite à un cancer du sein et un sein en moins? J'avoue qu'au tout début je n'ai pas eu le temps de me questionner car tout s'est passé très rapidement. Ablation du sein, infection par la suite, ouverture de la plaie, la sexualité était le moindre de mes soucis à ce moment.
Pour certaines personnes, parler ouvertement de la sexualité peut être tabou, mais je crois qu'il faut en parler suite à un cancer du sein, c'est important et personne ne le vit de la même façon.
Si j'étais demeurée comme à la première chirurgie qui consistait à enlever la tumeur et une partie minime de mon sein sans que rien ne paraisse et que je me sente encore femme, ça aurait été moins difficile. Mais il en a été autrement et j'ai dû passer par la mastectomie avec des complications de guérison de la plaie. Je n'ai pas pu apprivoiser cette nouvelle vision de ma poitrine avec ma plaie ouverte, c'était horrible. Plus tard, lorsque la plaie a fermée, je me suis regardée, j'ai pleuré un peu, ce fût court, je me suis ressaisie rapidement. Mon mari avait vu la plaie ouverte, donc après la guérison, il ne trouvait pas affreux de me regarder. C'est plutôt moi qui ne me sentais pas à l'aise de lui présenter ce corps mutilé.
Nous avons réussit à faire l'amour avec autant d'amour, mais je cachais mon sein en moins, je ne voulais pas me mettre totalement nue et c'est encore ainsi. Ne dit-on pas que lorsqu'il y a de l'amour, nous regardons l'autre avec les yeux du coeur? Mon mari est ainsi, il m'aime même mutilée et j'avoue que dans cette malchance de la vie, j'ai le bonheur d'avoir un homme qui m'aime vraiment.
Un an et demi a passé, les douleurs métastatiques osseuses sont apparues et faire l'amour est pour moi difficile, la douleur est présente et je n'ai même plus le goût d'avoir des relations sexuelles. Comment un couple peut survivre à cela? J'avoue que pour moi, la sexualité ne me manque pas car j'ai trop de douleur, mais pour mon mari, même s'il n'en parle pas souvent, je sais que ça lui manque. Cela cause parfois des petites frictions car la sexualité est un besoin pour l'être humain et je ne veux pas perdre mon mari, mais il est compréhensif face à la douleur que je supporte tous les jours.
Souvent je pense réellement que je gâche sa vie. Nous savons tous les deux que mon cancer est incurable et pendant tout ce temps, il prend soin de moi, et ne vit pas sa vie comme il le devrait. Je suis sa priorité et tant que je vivrai il sera ainsi, c'est son choix. J'ai épousé un ange et je souhaite à toutes celles qui vivent le deuil d'un sein, d'avoir un homme qui vous aime comme mon mari m'aime.
Il ne faut pas éviter le sujet, il faut en parler, et se faire aider. Si la douleur n'était pas pour moi un obstacle, il n'y aurait pas de problème car auparavant sans la douleur, nous avions des relations sexuelles.
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